Le mieux-être financier en milieu de travail: Programme concurrentiel pour répondre aux crises successives ou paternalisme ?
Cette année bon nombre de nos clients américains et canadiens se sont intéressés à la question du bien-être financier de leurs employés. Permettre aux employés
de relever le défi de concilier une vie responsable aujourd'hui et une planification financière judicieuse pour demain, l’idée peut paraitre séduisante pour certains employeurs, quand bien même ambitieuse. A l’approche des fêtes de Noël et du nouvel an le moment est bien choisi pour parler de bien-être financier.
On est tous d’accord que le bien-être financier est essentiel à la santé globale de nos employés, et l'éducation financière en est la clé. Mais est-ce le rôle de l’employeur d’éduquer financièrement ses employés? Toute éducation, surtout financière ne devrait-elle pas commencer à la maison? Avec parfois 4 générations d’employés à gérer en plus de tous les défis auxquels doivent faire fassent les entreprises, est-ce le rôle de l’employeur de s’intéresser aux finances personnelles de ses employés et d’y investir? Parce que qui dit bien-être financier dit finances personnelles.
Informer nos employés absolument, les éduquer financièrement pourquoi pas, les discipliner pas sûr. Tout est question de point de vue et au grand dam des grands défenseurs de ce genre de programme je n’adhère pas à ce concept très en vogue : du ‘’bien-être financier au travail’’. L’efficacité des programmes mise en place laisse à désirer. La santé financière comporte de nombreuses facettes, notamment le montant de votre l’épargne, le ratio dette/revenu, la part de votre revenu discrétionnaire que vous dépensez, pour ne citer que ça. Tous ses éléments relèvent du domaine de la vie privée, pour ma part.
La réduction du stress financier se traduit par des employés plus heureux et plus productifs mais faut-il que tous les éléments soient réunis pour que les plans mises en place atteignent le maximum de leur efficacité. Les causes d’un stress financier sont très variées tous comme les exemples pour les illustrer. ''Les gens ne sont pas idiots. Le monde est dur.'' Cette citation, de l'économiste comportemental Richard Thaler, lauréat du prix Nobel, résume la situation de beaucoup de gens vivant un stress financier. Pour illustrer ses propos prenons l’exemple d’une personne instruite, éduquée avec un salaire des plus intéressant qui vit un stress financier important dû au fait de ses nombreux échecs sentimentaux et des différentes responsabilités familiales qui s’y rattachent à court et moyen terme. Dans ce cas de figure a-t-elle vraiment besoin d’une éducation financière supplémentaire ou de l’aide pour mieux choisir ses partenaires de vie? Ou simplement celle d’une personne qui peine à joindre les deux bouts faute de revenu suffisant ou de discipline personnelle (recours excessif au crédit / utilisation du crédit pour les dépenses courantes). Gérer son argent peut s’avérer difficile. Gérer son argent lorsqu’on n'en a pas suffisamment, l’est encore plus.
Le bien-être financier n'est pas seulement une question d'argent, d’éducation financière mais bel et bien de mode de vie. Cela signifie que les employés ont non seulement besoin d'être informés, mais aussi d'avoir la possibilité de mettre ces informations en pratique. Pas étonnant que l’un des plus grands obstacles pour implanter ce genre de programme reste la volonté de la haute direction des entreprises de le faire. Pour établir et cultiver la santé financière, il faut de la persévérance individuelle, ainsi qu'un environnement favorable offrant des services financiers accessibles et de qualité. La santé financière passe par un cheminement continu, une discipline absolue.
Offrir un avantage mieux-être financier en milieu de travail peut être très intéressant dans certains secteurs d’activités mais dans l’ensemble, il demeurera pour ma part une offre éphémère qui n’apporte pas de valeur ajoutée suffisante pour permettre aux entreprises de fidéliser, favoriser le sentiment d’appartenance et améliorer la rétention de leurs employés.
Au Canada, contrairement aux États Unis, le plan des avantages sociaux de la plupart des employeurs comporte déjà des incitatifs pour encourager l’épargne des employés (Réer\ CELI\ DC pension plan). Selon moi, il est beaucoup plus avantageux, pour l’employé et l’employeur de maximiser les programmes déjà en place. L’employeur peut égaler les contributions faites par leurs employés dans certains régimes jusqu’à un certain pourcentage par exemple.
En tant que leader, notre objectif est de sortir des sentiers battus et de proposer des produits innovants pour optimiser les avantages sociaux des employés, leur bien-être global au travail, sans toutefois entrer dans ce que j'appelle le paternalisme ambiant d’après Covid -19.
Comments